mardi 15 décembre 2009

Tempête sur le Taranaki

Bonjour tout le monde!



Merci à tous pour vos mails et commentaires, ça fait toujours très plaisir! Surtout Paul pour le commentaire de soutien suite au dernier article... Mais je vous rassure tout de suite, tout va pour le mieux, la mauvaise passe n'a pas duré. Après une bonne nuit de sommeil, tout va toujours mieux! Surtout quand, garé de nuit à l'arrache, vous vous réveillez avec la première photo de l'article comme spectacle... Je n'avais pas encore vu le Taranaki, étant arrivé de nuit, les présentations ont été vite faites! Et visiblement, il fait beau, le sommet est quasiment dégagé : tout s'annonce bien.


Je pars faire quelques courses, et quand je reviens, petit changement... Il y a un peu plus de nuages, limite on dirait que le temps se gâte... Bah, ça doit être un phénomène passager.
Je roule tranquille jusqu'à Dawson Falls, point de départ de la randonnée qui mène à Lake Dive Hut. Il a fallu acheter des tickets pour le refuge, mais les centres d'info du pays, pour les touristes, sont très biens fichus, ça n'a donc pas été compliqué du tout. Il a juste fallu attendre 10h qu'ils ouvrent, mais en même temps, c'est vrai que c'est dimanche...


Bon par contre, une fois au point de départ, il a bien fallu se rendre à l'évidence : le temps se gâte, et assez vite... On peut voir les nuages dégringoler le long du volcan à vitesse grand V, c'est assez impressionnant!
Heureusement pour moi, le chemin que je prends à l'aller est le Lower Path, celui qui contourne le volcan plutôt que de monter dessus. Normalement, je devrais être au soleil! Crème solaire, donc, sac au dos, et c'est parti.



Dès le début, ambiance Seigneur des anneaux à nouveau (ça doit être le pays, mais c'est très facile de s'y croire!) : une grosse forêt pleine de très vieux arbres, tout barbus, avec plein de mousse partout, et le soleil qui joue là dedans... Pas mal du tout! En plus, comme c'est en sous bois, le soleil ne chauffe pas trop, ça va. Bon c'est ambiance tee-shirt / short, n'oublions pas que c'est l'été, et mine de rien il fait quand même assez chaud, mais ça va. Et puis il n'y a vraiment personne sur le chemin, ça n'est pas encore trop la saison touristique : je suis tranquille! Remarquez, c'est peut-être un peu inquiétant, en fait ils ont peut-être juste renoncé à cause du mauvais temps qui pointait... Pourtant, la météo disait que ça ne devrait pas être si pire, donc je me dis que c'est bon.



En fait je me retrouve à marcher devant le front de nuage, donc toujours au soleil : que demander de mieux. Le chemin, par contre, s'il ne quitte pas le bush, adopte un profil plus... gondolé. En fait il y a quelques rivières très ravinées à traverser, ce qui se traduit à chaque fois par une descente de 100 ou 200m de dénivelé, pour les remonter en face, le tout via des marches ou des échelles de plus en plus raides... Pour les passages à gué, heureusement qu'il ne pleut pas encore, ça serait un peu compliqué, sinon, il y a déjà pas mal d'eau. Pareil pour les marches : la plupart sont faites avec une simple planche en bois, qui retient l'eau en plus de la terre, donc les marches sont autant de flaques de tailles diverses, et de degré de fluidité de la boue aussi. Mais ça va encore, c'est presque sec quand je passe, à part à certains endroits.




Au moment où les nuages me rattrapent, le refuge surgit devant moi au détour du bush : on ne le découvre que 20 m avant d'arriver! Je passe donc entre les premières gouttes, et prend possession du lieu. C'est assez grand, il peut y avoir 16 personnes dedans, mais là je suis tout seul, et le premier truc est d'allumer le poêle. C'est le problème avec le soleil Néo-Zélandais : dès qu'il n'est plus là, ça caille. Et là, clairement, il n'est plus là : il commence même à faire un temps absolument épouvantable. D'énormes rafales de vent plaquent de véritables seaux d'eaux contre les murs du refuge, dehors le lac commence à moutonner sérieusement, et je ne vois pas à 10m : il ne manque rien! Du coup, je commence à croire que je vais vraiment être tout seul ce soir : personne ne serait assez débile pour marcher sous ce temps là...


Et bien en fait, si! Débarquent sur le coup de 5h 4 allemands et un couple franco irlandais, tous ce petit monde trempés comme des soupes! Ils ne refusent pas le café que je leur propose, je crois que dehors ça caille sévère... Et quelque soit le chemin qu'ils ont pris, c'était de vrais bourbiers, visiblement! En 10 minutes, le refuge se transforme en un énorme séchoir, et tout le monde se met à table pour le dîner. Tout ce petit monde est très sympa, on termine la soirée à la bougie, avec de grandes discussions tournant autour de 2 sujets : refaire le monde, normal, et la météo du lendemain. Visiblement, avec ce qu'il tombe comme eau, il faudrait passer la journée dans le refuge et attendre le surlendemain... J'espère bien que c'est pas trop vrai. Et qu'il fera meilleur demain...


Et ça tombe bien, le lendemain, il fait beau! Au début, comme les autres, j'étais parti pour rester aussi, attendre que les ruisseaux reprennent une taille normale, pour ne pas avoir de problèmes aux gués. Mais bon, les autres sont aussi motivés par le fait qu'ils sont fatigués, ça fait déjà plusieurs jours qu'ils marchent, pas moi. Le truc, c'est que de temps en temps, un gros nuage tombe d'un coup et descend super bas : pas très rassurant... Mais ils repartent aussi vite,donc on retrouve le soleil. Profitant d'une telle éclaircie, je repars! J'ai pris des renseignements auprès des allemands pour savoir où sont les difficultés : visiblement, à part des endroits un peu étroits où le vent peut être dangereux, et un ruisseau très raide et tout lisse avec un peu de courant, ça va. Plus les éternelles marches / flaques...




En fait, dès le début, je sens que ça va aller : déjà, le chemin est loin d'être aussi boueux que la veille. J'ai attendu d'être sûr que le temps soit à peu près correct, donc je ne suis parti que peu avant midi : tout a eu le temps de sécher. J'ai pu en avoir la certitude au moment de traverser le ruisseau fatal : ça va, pas trop de courant, il était complètement à sec! Bon, dans l'axe, au dessus, le ciel n'est plus franchement bleu... Mais ça va encore, le plafond est à peu près stable.






Et puis, il y a toujours des éclaircies, j'en profite pour faire quelques photos sur le chemin. Le Upper track, sur lequel je suis, permet de sortir du bush et de prendre de la hauteur : j'en profite! La piste passe dans l'herbe haute à flanc de volcan, avec juste une fleur ou un gros buisson de temps en temps. Sinon, il n'y a vraiment que les piquets qui marquent la piste qui dépasse! C'est assez rigolo, n'empêche, le contraste entre les pentes du volcan et la planéité de toute la plaine qui l'entoure est saisissant. On ne se croirait pas vraiment en montagne, et pourtant, ç'en est bien une!




Je finis par arriver à la dernière intersection, celle qui mène au visitor center si on prend à droite, vers la descente. Ça ne fait qu'une heure et demie que je marche, comme je suis tout seul ça va assez vite, et il fait toujours un temps relativement correct... Vers le haut, le chemin mène à Syme hut, un autre refuge sensé être pas trop loin, et dont j'ai entendu parler, en bien. Après un coup d'oeil sur la carte, c'est bon, c'est pas trop loin! Donc j'y vais! Il me reste de toute façon largement de quoi tenir un jour de plus, en café et vivres, donc c'est bon.


Là, par contre, à peine la montée entamée, le ton change : on n'est plus dans la balade de touriste, les cuissent commencent à tirer sérieusement... Et la végétation disparait : le décor prend tout de suite une teinte très dramatique. En fait, la montée devient complètement galère... Déjà, il commence à faire froid, et le terrain, après l'herbe, devient un champ de scories : les joies d'être à flanc de volcan! Pour chaque pas en avant, les petits cailloux vous en font faire un demi en arrière, trop bien... C'est crevant.
Je termine la montée sur les rotules, après seulement une heure et demie comme ça, heureusement le chalet est juste après. Et heureusement les piquets sont plantés serrés : le brouillard est un tout petit peu descendu... Comme la veille, j'arrive avec les premières gouttes de pluie : coup de bol, je ne suis pas trop mouillé. Et c'est vraiment un coup de bol, parce que ce refuge là est un peu plus simpliste que celui de la veille...




Par plus simpliste, comprendre : il n'y a aucun moyen de faire du feu à l'intérieur. Sauf bien sûr si vous disposez d'un réchaud, ou alors il y a les bougies. Bon, j'ai pas de réchaud, je me rabats sur les bougies disponibles : ça me fera toujours une paire de chaussettes un peu plus sèches. Et puis ça va, il ne fait pas trop trop froid non plus : je mets un gros pull et une polaire, et ça passe. C'est surtout le vent qui commençait à me glacer, l'abri est bienvenu! Regardez, sur la photo, je suis mal rasé, mais j'ai l'air réjoui!




Dehors, le temps se gâte franchement. Bon de toute façon, soyons honnête, depuis que je suis parti du refuge du matin, je n'ai pas vu le sommet du Taranaki. Du coup, je prends mon mal en patience, et me dit que ça va probablement se dégager! En attendant, je bouquine un peu, et pour réchauffer l'atmosphère je finis par confectionner un petit réchaud de fortune avec des bougies, de la vieille cire, des allumettes et un peu de papier : de quoi faire chauffer du café, et faire des pates pour le dîner. Que demande le peuple!





Et soudain, miracle, c'est l'éclaircie de l'après-midi! Je fonce dehors pour prendre des photos : c'est assez bref, il ne faut pas trainer... Mais c'est vraiment chouette, par contre. En plus, les nuages partout donnent un air assez irréel à tout ça, c'est pas mal! Ça me permet aussi de découvrir le petit plateau sur lequel est posé le refuge, ainsi que le refuge lui même. Dans la purée de pois que j'avais, c'était pas gagné. Je suis content de voir ce volcan pointer le bout de son nez!



















Puis les nuages reprennent le dessus, et le soir tombe. Y'a pas que le soir, d'ailleurs, qui tombe, un peu de pluie aussi, puis... Puis c'est de la neige, il faut croire que la température descend! Je la vois s'accumuler sur les vitres, il est temps d'aller se coucher. Pour ça, je me fais une petite cabane avec tous les matelats : autant ne pas avoir trop d'espace à réchauffer... Et ça marche, la nuit est excellente, il fait bien chaud dans mon truc! En plus, en plus de mon duvet, il y a une couverture dans le chalet, donc c'est nickel.
Le lendemain matin, par contre, pour en sortir... ça caille, j'ai vraiment pas envie! Mais en même temps, l'appel du petit café du matin... Donc je sors, et je me mets sur le dos à peu près tout ce que j'ai : 2 t-shirts, un gros col roulé, un sweat à capuche avec la capuche, ma polaire et un gros coupe vent. Je ferais assez vite penser à Michelin, là, comme ça, mais il n'y a personne, je suis tranquille de ce côté là.
Dehors, il a pas mal neigé, et le givre, ciselé par le vent, s'est transformé en crisaux bien rangés...

















Et comme la veille, gros coup de bol : l'éclaircie, pendant le lever de soleil. Même scénario : je bondis dehors et je canarde!







Comme la veille, les fragments de nuages qui flottent encore un peu partout rendent tout ça canon, avec cette lumière, en plus...
Par contre, l'éclaircie est encore plus brève que la veille, et il se remet à neiger. Je rentre donc à l'abri, et prend mon mal en patience : avec le gel sur les vitres, j'ai juste un trou pour guetter l'acalmie pour pouvoir redescendre... Et oui, encore une photo de fenêtre, désolé, c'est qu'il n'y a pas des masses de distraction, à l'intérieur...
Le vent est déchainé, ce qui explique les formes marrantes du givre, mais ne m'arrange pas vraiment, pour la suite du programme. Je ne voudrais pas que ça soit trop dangeureux de redescendre, non plus, le trajet n'est pas long mais ça serait ballot d'y laisser des morceaux.






De temps en temps, j'ai comme ça le droit à une petite amélioration, mais dans l'ensemble rien de durable. Heureusement, au bout d'un moment, la neige ne s'arrête pas mais le vent tombe : c'est déjà ça! Et les éclaircies se font plus fréquentes : si ça se trouve, le temps va changer, donc j'attends encore un peu. En attendant, je ne m'éloigne pas trop du refuge, je ne voudrais pas le perdre...








Et puis finalement, je me décide à y aller : le vent est bien tombé, il neige un peu moins, et vu la couche de nuage, ça n'est pas prêt d'aller mieux... Je dis adieu au refuge et me lance sur le chemin, sur lequel je n'ai pas pris tellement de photos : un peu trop humide, et un peu trop intensif aussi, comme effort... Dans la descente des scories, avec les 5 à 10cm de neige qui ont tenu, chaque pas en avant est multiplié par deux. Il faut faire un tout petit peu attention à ne pas se vraquer une cheville, et très attention à ne pas se laisser emporter! Mais si la pente me paraissait vraiment très raide à l'aller, au retour ça allait.


Par contre, heureusement que les piquets sont toujours aussi serrés : il y a toujours autant de brouillard, en haut surtout... Ça s'améliore nettement en descendant. En visibilité, parce qu'en humidité... Le passage fatal de la limite pluie neige est toujours aussi glaçant! Du coup je ne traine pas trop, et sitôt rejoind le chemin plus fréquenté, je trottine. En fait, il n'y a pas trop le choix : toute la descente, intégralement, à part peut être deux ou trois endroits de max 100m sur la fin, est constituée de marches. Et là, pour le coup, ce sont de vraies flaques... Donc je me tape une bonne demie heure d'escaliers, avec les pieds de plus en plus trempés... Vivement l'arrivée!
Finalement, j'étais haut, mais pas loin : au bout de 45 min, je suis au visitor center. Ça tombe bien, me changer me disait bien... Ce que je fais! Et je laisse derrière moi le Taranaki, qui continue de s'empêtrer dans ses nuages...




Et ensuite, après cet hiver impromptu, le propre de la Nouvelle Zélande... Une heure plus tard, je suis sur la plage, au soleil! Ça fait un bien fou, ça réchauffe, c'est nickel! Il faudrait mettre ça à côté de toutes les stations de ski, en fait. Et les affaires sèchent sur la voiture, l'occas de prendre la pose : il y a moins de vent, je peux poser le pied, j'en profite!










Puis il est temps de repartir vers de nouveaux horizons : le pays a encore pas mal de secrets... Rien que la route du retour, au soleil, vaut le détour, avec ses criques et ses vallons partout. Et puis, je compte aller vers le Nord : il y fera peut-être beau de façon plus stable!







Pour conclure, j'ai donc eu droit au Taranaki d'hiver, et c'était vraiment chouette : allez-y aussi, vous aurez peut-être droit à une autre saison!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Top, le reportage sur la face nord du Ptirikiki en hivernal!

Waycool Dad

Anonyme a dit…

Oufissime!
genre "je suis prudent", le risque est "maitrisé"... lol
Partir au soleil et revenir sous la neige... ça reste l'aventure !!
sinon sur ta bonne photo, tu as tout de même l'air un peu... fatigué... normal??
ça avait l'air sauvage ton petit trip !! après l'ambiance "foret de Fangorn" c'était l'ambiance "col de Caradhras" à fond!! Le petit frodon il est passé par dessous finalement!
Allez profite de la plage et soit bien sage !
Paul