dimanche 1 novembre 2009

Départ en mer!

Bonjour tout le monde!



Ça y est, pour nous, il est temps de prendre le large! Après de déchirants adieux à nos hôtes de l'auberge de jeunesse plus qu'open de Bodrum, un petit trajet (super long) en touktouk (le nom local, c'est domus, à prononcer "domouche"), et quelques courses, nous faisons plus ample connaissance avec le personnel et la flotte d'Aura Yachting. Le club de location de voilier est tenu par deux anglaises super sympas, et on n'aura que de bonnes confirmation tout du long : si vous devez louer un voilier, allez chez eux, ils sont vraiment cools! Les speechs d'accueil, les histoires de caution et le rangement des tonnes de vivres nous prennent un petit moment, mais enfin on peut partir, à bord de notre fier navire : le Leewin. A peine les deux trois premières manoeuvres de port terminées, Aurélie est à la barre, et nous voilà partis, cap au Sud!


La zone de navigation que nous visons nous a été conseillée par nos loueurs, et a l'air de valoir le coup, donc nous suivons les conseils. Nous faisons la première étape au moteur : il est 18h, et comme le veut la tradition dans le coin, à cette heure là, il n'y a pas un souffle! Et comme il nous faut tout de même rejoindre la première crique sur la côte... Mais le coucher de soleil sur l'eau nous donne un bon aperçu de ce que va être la semaine : chouette! Le premier mouillage, de nuit, a été un peu galère. Surtout qu'on ne connait pas trop les traditions locales pour le mouillage sauvage, ce qui fait que tous les bateaux ont l'air plutôt bien rangés, sauf le nôtre... Enfin, on finit quand même pas se poser, dîner vite fait et dodo, on veut être en forme pour le lendemain.


Le lendemain, pas question de finasser, (surtout que c'est pas dans l'idée non plus du muezzin local, dont le minaret domine la baie et dont la voie porte à merveille sur les flots calmes, à 5h du mat... Ambiance très OSS 117 à bord!) on commence par un petit bain! Palmes et masque, ou juste natation, il y en a pour tous les goûts. Les terriens du bateau ne peuvent pas s'empêcher d'aller fouler un peu la terre ferme, mais bon, c'est passager, ils ne le feront plus pendant quelques jours, après! Après la première semaine, pendant laquelle nous avons pu nous baigner le soir, mais avec une chaleur bien marquée en journée, pouvoir se baigner comme ça dès le matin c'est bien agréable!




Puis départ : notre première journée de navigation! Un petit cours sur les manoeuvres de base, et tout le monde peut prendre la barre. En l'occurence, Lolo, pour ceux qui ne le connaissent pas encore! Celui-là démarre fort son séjour en Turquie. Question météo, le ton est vite donné : le vent monte, en journée, dans le golfe au Sud de Bodrum! Vers 11h, un bon force 5 s'établit; le bateau, un Oceanis 386, étale sans problèmes les rafales à 25 noeuds; décontraction générale à bord, même pour nos deux novices, qui s'en tirent à merveille après avoir pris leurs marques! La preuve, l'aprèm, c'est Lolo qui nous mène à bon port, tranquillou. Pendant ce temps, sur le bateau, c'est farniente : les stars prennent le soleil! Le temps superbe fait que même avec le vent, on est tout le temps en maillot de bain, c'est vraiment cool.




Le soir, première escale dans le golfe, on arrive pas trop tard pour pouvoir profiter des derniers rayons de soleil en se baignant. Pareil : le petit bain du soir est plutôt du genre agréable... Le coin est super joli, ça fait vraiment côte perdue d'une île de rêve. En plus, le vent est complètement tombé : le soir, pas de gaz, on profite de la petite bière fraîche dans le calme! Je dois dire que j'apprécie pas mal. Le seul truc c'est qu'on est sur une côte orientée Est : pas de coucher de soleil... Trop dur. Mais qu'à celà ne tienne : les plus courageux en profitent pour faire une photo du lever de soleil, le matin!




Avec les journées qu'on a, pas question de squizzer le petit dej : ils sont pantagrueliques. Surtout que là, nous étant levés tôt, on a le temps de prendre l'affaire au sérieux... Pas mal de fruits, du pain relativement frais, pas mal de confiture, pleins d'autres trucs, dont une énorme pastèque (dont on n'arrivera malheureusement pas à bout : on suivra son destin tragique un peu plus tard...) Après ces agapes, départ du matin : Olivier prends la barre, et dès la sortie de la baie, le vent nous reprend pour le reste de la journée. Les navigations dans ce coin sont vraiment cools, je sens que je vais me répéter, mais en même temps, si ça peut juste vous faire suffisament envie pour que vous y alliez, ça ne sera pas perdu!
A un moment, on était parti avec Lolo à l'avant, pour checker un truc sûrement important. Je pense que ça a dû être Olivier qui nous y a envoyé, parce que quand on s'est retourné, on a vu qu'il y avait un pacha qui ne s'en faisait pas...





Ensuite le vent est monté, comme tous les matins, donc Lolo a pris la barre pour voir ce que son petit Leewin avant dans le ventre. Du grand art... Faut dire que les premiers jours, on remontait grand largue dans le golfe, plein Est, avec la houle dans le dos : les surfs sur des vagues bien sympas nous ont permis de ne vraiment pas trainer sur ces trajets! Et les 22 noeuds de vent établis, on préférait quand même les avoir dans le dos... Je dois quand même avouer que je n'étais pas trop sûr du timing de la remontée : partir vent arrière et revenir au près, en général c'est pas trop mon truc, c'est bien parce que là on n'avait pas le choix. Enfin toujours est-il que là on en a bien profité : la preuve, même quand il n'est pas à la barre, Olivier a l'air de bien se la couler douce!




Le soir, première perte à déplorer... Voulant optimiser au maximum le temps de pêche, Lolo a oublié sa traine, celle en qui il misait tous ses espoirs de bons dîners... Hélas, dans la manoeuvre périlleuse d'entrée dans une crique super étroite et balayée par les dernières rafales de vent de la journée, la ligne s'est coincée dans les cailloux. Et le fil a cassé... Fin des espoirs de fricassée.
Heureusement, ce soir encore, le cadre est sympatique : avouez, vous aimeriez bien être en train de piquer une tête à la place d'Aurélie... Contemplant le coucher de soleil, et jouant le beau gosse du grand large, Lolo, lui, rentre de son bain. Vous avez l'impression qu'on passe la moitié de notre temps dans l'eau dès que le bateau est à l'ancre? Vous avez bien raison.




Depuis le hublot, la vue vaut le coup, aussi. Vous voyez, faire la cuisine n'est pas forcément un travail ingrat! Déjà, tout le monde sait bien que "les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse". Et ensuite, quand on a cette vue comme horizon, c'est même limite agréable. En tout cas, j'aime bien!
Vous trouvez que je fais le malin à raconter que je fais la cuisine, tout ça, courageusement alors que je pourrais aussi être dans l'eau, comme tout le monde, à faire un peu d'apnée avec les palmes et le masque qu'on a acheté spécialement parce que j'avais tellement insisté que tout le monde a fini par craquer? Vous avez raison, ça aurait été possible! Le truc, c'est qu'Olivier s'est tellement pris de passion pour la plongée sous-marine que curieusement, impossible de retrouver les palmes! Jamais vu autant d'excuses pour se jeter dans l'eau... "oui, ça a l'air pas mal, mais bon, par sécurité, je pense qu'il faut quand même que quelqu'un prenne le masque pour aller vérifier sur quoi est posée l'ancre, dans cette eau turquoise à 25°. Non, c'est bon, vous en faites pas, je vais y aller." Ou encore : "Bon, dans le cadre de la rééducation de ma jambe, il serait de bon ton que je fasse un peu de palmes, j'aurais bien aimé faire la cuisine ce soir, ça m'ennuie mais c'est mieux..." Allez, c'est bien parce qu'Olivier faisait la cuisine tous les midis, et quand même aussi parfois le soir, qu'on laissait passer!


Mais ne croyez pas qu'on ne fasse que s'amuser. Le lendemain matin, travail : manoeuvre de l'homme à la mer. On ne sait jamais, au cas où je tombe à l'eau, j'aurais pas été contre que mon équipage préféré puisse me récupérer... Et vu le vent et les vagues qu'il y avait, c'était pas forcément évident! La tension étant à son comble, forcément il n'y a pas de photos de l'exercice, les capacités de chacun étant mobilisées à mort. ça rigolait pas du tout, je suis sûr que même le bidon vide qui nous servait pour l'exercice se sentait vachement homme à la mer.
On a fini par le récupérer, c'était pas évident il était pas du tout coopératif, et en plus tout rond et vachement glissant, et tout... Un peu galère, on espérait tous que si un type tombait vraiment à l'eau, il serait un peu moins pénible à attraper correctement!
Pour la pause dej, il fallait se requinquer correctement, donc pause dans un endroit charming, les septs soeurs.


Un groupe de sept îles, vous l'aurez deviné, avec plein de petites criques et de petites baies partout, quelques voiliers en bois qui baladent les touristes locaux, et surtout pleins d'abri pour le vent : idéal pour le picnic. Comme on avance vraiment bien et qu'on n'est pas spécialement pressés, on prend le temps de bien se poser, se baigner un peu, vous pouvez voir que Aurélie et Olivier se lâchent sur la musique! Pour une fois, ça n'est pas notre crooner turc, dont nous nous sommes procuré un CD, qui nous charme de sa douce voix (dommage, parce que les crooners turcs, ils envoient du lourd!), mais ça le vaut bien. Lolo, lui, l'homme posé du bord, se cultive avec un livre sûrement très intellectuel. (en plus, il me semble même que oui, genre Fortune de France : alors ok, pour tous les mecs vraiments cultivés du coin, vous allez trouver que ça ne vaut pas un vrai guerre et paix des familles, mais pour moi c'est déjà pas mal, j'étais limite impressionné!)


Mais ce n'est pas tout, nous avons de la route à faire, il faut repartir. (trop dur,je sais.) Olivier, qui prend la confiance, prend aussi la barre, et joue à nouveau au skipper, en montrant aux filles ce qu'elles doivent faire. Comme les deux filles font de la voile mieux que lui, forcément ça fait pas très crédible, mais pour ceux qui savent pas, ils pourraient se méprendre, sur la photo, il est de mon devoir de rétablir la vérité! Dorothée semble d'ailleurs perdue dans une profonde méditation, le regard perdu vers l'horizon. ça arrive, quand on est des poètes, comme nous, perdus seuls dans l'immensité de l'océan... (j'en rajoute un peu, mais c'est la voile qui veut ça, souvent le marin devient lyrique, faut pas faire attention, c'est normal c'est dans sa nature!)




Preuve qu'elle gère, Aurélie est sur tous les fronts. A l'avant pour faire le boulot de numéro 1, à la barre dans les surfs de malade parce qu'il n'y a pas de raison que ça soit toujours les mêmes qui se fassent plaisir (oui, bon, ok, j'avoue, j'avais un peu de mal à lâcher la barre, dans ce genre de cas... mais c'est parce que j'avais des responsabilités, vous comprenez, c'est pas facile de devoir gérer le stress d'avoir écrit skipper sur la feuille de la dame! Du coup je faisais un peu semblant, parfois...) Avec même le paréo hawaiien pour le style : on est en vacances ou on n'y est pas! Et là, on y est, et c'est cool, je dois dire!
Bon, ce qui est toujours un peu frustrant, c'est que les vagues paraissent si petites quand on les prend debout depuis le pont : en vrai, elles étaient vachement grosses, je demanderai à Plisson comment il fait pour que ça rende mieux.




Si un gentil lecteur a une idée, sinon, je suis pas contre un petit indice dans un commentaire!
En attendant, des photos un peu plus facile : portraits sur le bateau...















Bon, ok, avec celui là, je vais avoir du mal à vous faire croire que tous les portraits, c'est moi qui les ai pris. Mais bon, il se trouve que je suis sûr la photo, pour une fois... Evidemment j'ai l'air un peu suspicieux, mais en même temps il est fragile, l'appareil, c'est que je suis inquiet, il faut comprendre! En plein dans mon rôle de skipper, en plus, là ça médite à fond. Objectif : avitaillement à terre, il faut aller chercher du pain frais.
Pour ça, on s'est arrêtés dans une baie plus large et beaucoup plus fréquentée que les autres, avec plein de monde et plein de bateaux, et même, parait-il, au ponton, une superette! Dans ces contrées reculées, c'est chose rare, on en profite pour prendre du pain. Mise à l'eau du zodiac, petit test moteur, Olivier bondit aux commandes, et avec Lolo en copilote, les voilà partis en reconnaissance.




Quelques minutes plus tard, ils sont de retour : ils ont même réussi à ne pas faire couler le petit bateau, il apprend vite Olivier! Visiblement, ils sont en joie, il doit y avoir de quoi faire, à la superette, ce n'était donc pas une légende... Et puis bon, les photos vous en donnent un aperçu, se balader dans ce coin n'est pas ce qu'il y a de plus désagréable, ça va.
Changement de passager, tout le monde a le droit de profiter des talents de pilote d'Olivier : c'est au tour d'Aurélie d'y aller, avec pour mission de nous trouver des vivres. On lui a même confié de l'argent : c'est vous dire si on lui fait confiance... Risqué, je sais, mais que voulez-vous, si on veut manger il faut vivre dangeureusement. Nouveau départ de la mission à terre, donc. Et retour avec un tout petit peu plus d'embruns que prévu, peut-être? Mais non mais non, tout le monde est resté calme, ne vous en faites pas, on va dire que l'air un peu crispé de la photo de gauche est dû au soleil dans les yeux!














Comme il y a plein de monde, et que nous sommes maintenant en possession de notre butin (le pain frais), nous repartons pour jeter l'ancre un peu plus loin, nous ne sommes plus habitués à la cohue. A la vie sur le bateau, bien, par contre, vous pouvez voir que tout le monde est assez décontracté, et que la vie suit son cours! Olivier barre tranquille, pendant que Lolo l'intellectuel lit son journal, et Dorothée médite... Avec la sirène, en même temps, c'est dépaysant, ça incite à la méditation. (ok, sachant qu'on est en Turquie, on ne voit pas trop ce que ça change vu qu'on est déjà dépaysés...)






Ce petit programme nous permet d'arriver assez tôt à notre lieu de mouillage, il est temps de jeter l'ancre. Comme les pros du coin, on tend aussi une ou deux amarres à terre, il n'y a pas beaucoup de vent pendant la nuit mais ça évite que le bateau chasse. Et comme il y a quand même quelques voisins, qui sont en général plus gros que nous, autant éviter d'aller les voir de trop près, sur le coup de 3h du matin...
Vous pouvez voir qu'après quelques jours en mer, nous sommes parfaitement organisés! Pas de temps perdu, tel un balai bien réglé chacun est à son poste pour que le bateau soit paré en un temps record. Description de la photo : prise depuis le bateau par les filles, qu'on soupçonne en pleine activité puisqu'elles ont eu le temps de sortir l'appareil, on peut voir Lolo voguer sur le zodiac, dans une direction qu'un observateur non averti pourrait croire aléatoire. Olivier, avec beaucoup de sérieux, checke les fonds marins, et constate qu'il y a plein d'oursins : bonne info, il faudra faire attention. Bien sûr, on le savait déjà, et puis on les voit parce que l'eau est transparente, mais rien ne vaut une petite vérif, n'est-ce pas?

Le travail avance, la situation évolue à toute vitesse! Je suis toujours en train de me battre avec l'amarre, ayant eu la bonne idée de vouloir refaire le noeuds de chaise alors que tout ça est bien sous tension. Heureusement, Olivier couvre mes avants : il surveille que les oursins ne vont pas me sauter dessus.
Fin de l'opération : quelques minutes plus tard, l'amarre est super bien tendue, Olivier a l'air content, Laurent est échoué quelque part, c'est nickel, on est prêts pour la nuit! Ah, non, grosse motivation : je pars me battre contre une deuxième aussière... On n'est pas là non plus pour prendre les solutions de facilité.





Pas à dire, on est des warriors : outre notre efficacité maintenant légendaire, vous trouvez pas qu'il a pas une tête de pirate, Lolo? Super effrayant, je sais, j'ai pris la photo et j'en suis pas encore tout à fait remis. Heureusement, plus de peur que de mal, le larron préfère plonger dans le soleil couchant! Oui, je sais, gros sens de la mise en scène : mais après tout, un peu d'esbrouffe, de nos jours, ça ne fait pas de mal.
Sur cette belle image, j'arrête là, la suite au prochain numéro : je pense que cet article est déjà bien assez long comme ça! Et puis il ne faut pas que je mette trop de photos d'un coup non plus, ceux qui sont en ce moment sous la pluie un peu partout en France pourraient mal le prendre...

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