mercredi 21 octobre 2009

En route vers Bodrum

Bonjour tout le monde!



Après ces quelques jours passés à Selçuk et dans les environs, il est difficile de quitter la contrée. On nous attend à Bodrum, mais pas tout de suite, on a bien le temps de profiter encore un peu du coin! Et puis, même si on a pas mal crapahuté entre les colonnes antiques, on n'a pas encore fait de rando à proprement parler, il est temps de sortir un peu des sentiers battus.

Un trajet non négligeable (surtout que les routes de Turquie ne sont pas non plus toutes des autoroutes) nous emmène à notre halte sportive dans une réserve baptisée Milli Park, juste en face de l'île de Samos (comme le petit fromage, la portion de vitalité!). Comme le site est bien préservé vu qu'il n'y a aucune construction le long de la côte (ce qui, on le verra, est rare en Turquie...), le coin est assez prisé des Turcs qui veulent passer une journée à la plage. Le coin est très joli, avec de magnifiques points de vue, la route qui rase la mer au point qu'il n'y a plus qu'un mètre ou deux de plage par endroit... Le site a la forme d'une pointe, formée par une élévation de terrain qui s'avance vers l'île de Samos. Un chemin de randonné coupe à travers en passant par un col, on se dit qu'on aura probablement une jolie vue, de là-haut! On chausse nos plus belles converses, et on est partis.

Bon, en fait, au niveau équipement, Aurélie et moi on a vu un peu léger. Les converses tout le monde sait que c'est pas terrible, les Ben Simons on a testé : c'est pas mieux! Ça a bien fait marrer Dorothée et Olivier, qui eux ont eu la présence d'esprit de s'équiper un minimum. Surtout que ça grimpe assez sec... Mais là, limite, après coup, on s'est dit qu'on aurait dû faire le chemin en claquettes, on aurait eu moins d'ampoules! Enfin au moins la montée est régulière, et de loin en loin on atteint des points de vue entre les arbres, qui à chaque fois nous motivent pour aller voir le suivant. C'est qu'il faut aussi lutter contre la guerre psychologique menée par les rangers locaux : pour prévenir le touriste, ils donnent les distances parcourues depuis le début... tous les 100m! C'est un peu stressant... Heureusement, ils ont fini par se lasser, et après le premier kilomètre on a seulement droit à un panneau tous les kms. J'ai béni leur flemme...
Il n'y a vraiment pas grand monde sur la piste, c'est curieux. Pourtant il est midi, il fait à peine chaud? Et oui, on aime ça, marcher à la fraîche, comme vous voyez on ne s'en lasse pas. Enfin comme ça, au moins on est content de s'arrêter à l'ombre, pour la pause dej! Ça nous apprendra à traîner le matin au lit... (enfin, on dit ça tous les jours, donc je suppose qu'en fait ça ne nous apprend rien du tout : irrécupérables, les gus...) D'ailleurs, vous pouvez voir qu'on est tous les 4 sur la photo! Enfin moi c'est un peu limite, mais j'ai le tee-shirt le plus rapide du monde, il a eu le temps de se jeter devant l'objectif.

Un picnic bien diététique, à base de fromage, de jambon (de boeuf, c'est un peu chelou mais on n'est pas dans un pays musulman pour rien. Pardon, laïc, mais on sent quand même une petite dominance islamique au rayon bouffe des superettes locales!) et de salami, nous permet de reprendre des forces pour la descente. En fait on n'a pas fait la totalité de la randonnée : demi tour au milieu, la voiture ne va pas faire le chemin toute seule, elle... Mais finalement, faire demi tour n'est pas vraiment un problème : comme d'hab, c'est quand même à la descente qu'on profite le plus du paysage, curieusement! Et puis on savait qu'à la fin de la descente, il y avait un lavoir où on pourrait se rafraîchir un peu, c'est plutôt une bonne nouvelle... Là, ça tape sec, un peu d'eau fraîche fait beaucoup de bien!

Malheureusement on n'est jamais tranquille. Et s'il n'y a pas beaucoup de touristes à cause de la chaleur, par contre à côté de l'eau il y a quelques guêpes qui n'apprécient pas vraiment notre companie! C'est complètement réciproque, d'ailleurs, la preuve je suis en train de me battre avec l'une d'entre elle qui me vise les mollets. Faut croire que c'est une manie, chez elles... Je compte bien ne plus me laisser faire, entre elles et moi c'est une guerre sans merci, maintenant. (mon tee shirt a profité de mon inattention pour se refaire la malle et aller boire tout seul, il prend un peu trop son indépendance, celui-là...)

Nous repartons donc sans trop traîner, parce que finalement, faire trempette dans un lavoir c'est bien, mais en étant aussi près de la mer... C'est tout de même un peu dommage. Direction la plage! Le bain qui suit est vraiment super agréable : l'eau est bonne, il n'y a pas grand monde, on a une bouteille de coca qui rafraîchit sous l'eau, bien callée par quelques pierres... Elle est pas belle, la vie? Franchement, là, c'était pas mal. Avec le soleil qui commence à décliner au loin, la chaleur qui faiblit un peu...
Mais décidément, c'est les animaux du coin qui copient nos idées, à chaque fois! Le sanglier qui faisait le tour de la voiture devait probablement faire un petit contrôle des touristes qui squattaient sa plage, on n'a pas trop tenté de savoir si il était vraiment gentil ou pas. C'est bien, les réserves turques, mais si ils pouvaient y mettre des biches, comme tout le monde, on regarderait moins souvent derrière soi!



De toute façon, il ne faut pas qu'on s'éternise, on a le retour à faire, et rouler de nuit n'est pas la panacée. Confortablement installées à l'arrière, les filles font une grosse sieste pendant qu'avec Olivier on pilote/co-pilote. ("quoi mais n'importe quoi, d'abord on était super mal, y'avait même pas d'appui-tête, et puis de toute façon on pouvait pas conduire vu que la voiture était pas assurée pour ça!") Sur le chemin du retour, en arrivant à Selçuk qu'on commence à bien connaître, on va dans chez un petit garagiste dans une zone industrielle un peu glauque qu'on avait repéré la veille, et il nous dégotte un petit enjoliveur tout à fait comme il faut : ça y est, la voiture est comme neuve! Bon, à part les 2cm de poussière qui la recouvrent maintenant, mais ça, les loueurs ne pourront pas nous le reprocher.

La lose du soir, ça a été la tentative de piscine, tant vantée par l'auberge, et qui avait l'air si agréable, sur les photos... En fait, elle n'a visiblement pas été DU TOUT entretenue depuis que les photos ont été prises, si bien que l'eau est verte, et que les jolies haies qui la bordent ont muté et se sont transformées en épais buissons dons les ramages plongent quasiment dans l'eau. Il y a des fourmis un peu partout (c'est notre jour, pour les animaux...), et pourtant, 4 types s'ébattent joyeusement dans l'onde couleur d'émeraude : pas dégoutés... Ils nous proposent de les rejoindre pour un volley, mais bon. On décline poliment, un petit "on se casse..." discret, et nous revoilà à la plage! Il y a des valeurs sûres...

Il y eu un soir, il y eu un matin, et ce fut le départ de Selçuk. Les meilleures choses ont une fin... Je sais pas pour les autres, mais en tout cas je sais que pour ma part je regretterai Selçuk, c'est vraiment un endroit où il fait bon vivre! Mais nous repartons vers de nouvelles aventures, avec en l'occurence une escale à Prienne.
Prienne, c'est très chouette. On a l'impression que c'est l'histoire d'un gars qui s'est dit : trop cool, une pente assez raide surplombée par une falaise! Si on faisait une ville? Alors bien sûr ses collègues ont dû un peu protester, il a dû en dézinguer quelques uns pour l'exemple, et après il a construit un truc énorme, tout en pierre, avec des super gros temples et une agora bien horizontale et immense... On a un peu mimé la scène, dans le bouleutérion, c'était marrant! Ça donnait un peu ça :



"Mais chef, il est trop grand, le temple, ça tient pas sur la petite place plate, là... ça va pas être possible, si?"
"Ben si, nounouille! Tu prends tes petits doigts, tu vas me tailler quelques pierres, tu prolonges le petit endroit en question en faisant juste un petit mur de 10m de haut dans la pente, là où il faut pour que ça soit bien plat, et tu construits le temps par dessus! C'est pas compliqué, quand même..."
"Ah tiens, tant que t'y es, tu me dégottes une jeune fille du coin, là, qu'on la sacrifie vite fait, ça fera très inauguration officielle, quand ça sera prêt! Beaucoup de cachet!"
"euh, ok, chef, mais par contre faudrait essayer de pas rigoler quand vous officiez, ça fait pas très sérieux, quand même... On est tous content de voir que la cérémonie vous fait plaisir, mais ça casse un peu le côté tragique de la scène, non?"




"Bon par contre, chef, pour l'agora, là, on fait comment, pour le côté vers le haut, là où il y a à peu près 2m de différence entre le nivelé et le pas nivelé? On peut faire un petit escalier au milieu, si tu veux..."
"ahlala, les gagne-petits... Tu vas me faire une volée de marche sur les 200m, on arrête d'être mesquins, là! C'est pas possible cette jeune génération. Ben oui je sais que ça fait à peu près 20000 pierres de plus à tailler... C'est pour ça qu'il faut t'y mettre tout de suite, nounouille!"

"Alors chef, par contre, pour les allées que tu nous as fait faire pour aller jusqu'aux deux ports de la ville, tu sais, là, tout en bas de la montagne, de chaque côté, c'est très beau et c'est tout en marbre! Juste, le truc, c'est si il pleut, ben ça glisse vachement parce qu'on a fait ça tout lisse comme tu veux, mais du coup les chevaux ils se cassent un peu la fiole, là..."
"Bon alors déjà, le coup des deux ports, on revient pas dessus : j'ai dit que comme ça c'est symétrique, c'est tout. Un peu de sens esthétique, pour une fois, nounouille. Et ben si les chevaux glissent, tu me fais des petites encoches dans le marbre, c'est pas sorcier, si? Bah oui, tout de suite, si tu commences à calculer combien d'encoches ça fait, une tous les 15cm jusqu'en bas de la montagne, forcément tu vas jamais commencer... Cette génération Y, alors, toujours partisante du moindre effort, c'est fatiguant pour tous les autres!"

"ah, et par contre, j'ai eu une autre idée : pour les remparts, en fait, je me suis dit que si jamais il pouvait aussi y en avoir en haut de la falaise, ça serait vachement mieux, non? Vu de la lune ça ferait comme un rond, et tout! Rholala, le voilà qui râle... Mais non nounouille, je vais pas te faire escalader tous les matins pour aller au boulot, je suis pas non plus un tyran. Sois un peu logique, aussi, de temps en temps... Tu vois bien que tu vas commencer par l'escalier, ça ira beaucoup plus vite, ensuite, pour faire tes 300m de falaise quotidiens! Arrête de râler, c'est bon pour ta ligne. Et va tailler quelques centaines de marches avant le dîner."

"chef, chef, on a un problème, c'est le jour de la cérémonie et les escaliers pour aller au trône, vous savez le truc dans un gros bloc de marbre que vous avez commandé, ben il est pas tout à fait fini, on fait comment?"
"Et voilà ce que c'est que de bosser avec des incapables... Pff, faut toujours tout faire soi même. Heureusement que je suis là pour palier à vos incompétences! Et qu'à défaut de cerveau, vous avez des bras!"



Et les dernières photos de divers gugusses qui trainaient sur le site! Ben oui, on s'amuse comme on peut, n'empêche que là on s'est bien marrés à faire les débiles. C'est un gros avantage de la Turquie : il n'y a en général pas grand monde dans les sites comme ça, du coup on peut vraiment en profiter, faire ce qu'on veut, essayer les bouleutérions, tout ça. Il n'y a pas encore de barrières partout et de circuits desquels on ne peut pas sortir, le touriste se sent un peu plus libre.
















Bon allez, c'est bon, j'arrête de craquer. Ça risquerait de nuire à la beauté du site. Parce que tout de même, ne soyons pas injuste, on se moque un peu mais le site est vraiment pas mal. Et là aussi, on arrive bien à imaginer la vue qu'il devait y avoir, à l'époque où les ports de la ville étaient fonctionnels! Il suffit de remplacer la plaine par la mer, on voit bien la démarcation aux pieds des collines.
Vu que j'ai beaucoup parlé, vous avez le droit à une photo cool du site, prise depuis les quartiers résidentiels (enfin, ce qu'il en reste). En fait je crois que j'aime beaucoup les mélanges de couleurs vives des pays méditerranéens, c'est pour ça que les photos d'art que je vous mets sont souvent un peu du même type! Mais je vous fais confiance pour mettre un commentaire si jamais vous en avez marre, et je change de style.



Allez, il est temps de repartir, là pour le coup Bodrum nous attend, et il paraît même qu'il y aurait moyen qu'on récupère un mec cool, là-bas. Une fois n'est pas coutûme, en plus, on est parti suffisament tôt le matin pour qu'il ne soit pas trop tard après la visite. Un peu de route plus tard, il est donc temps de trouver un endroit pour déjeuner. C'est là que le routard nous a révélé encore un de ses secrets : le petit village de Kapiki, sur le Çamiçi Golü, un lac ancien bras de mer isolé lors de la descente des eaux. Il y reste des ruines de chateau sur une petite île, juste en face du petit village complètement perdu dans un dédale d'énormes rochers, c'est superbe.


Les spécialités locales sont bien sûr les poissons, que le routard nous recommande : on ne se fait pas prier, et je ne regrette pas : le mien est très bon! Je crois que celui d'Olivier aussi, le truc c'est que si je me souviens bien, les filles ont eu un doute sur la qualité du poisson, et se sont rabattues sur un truc plus classique, qui s'est avéré un peu plus fade. Enfin quoi qu'il en soit, rien que le site sur lequel est posé la terrasse du resto vaut carrément le coup. En plus, juste derrière les tables, il y a deux grandes banquettes avec des coussins, idéal pour la pause café-sieste qui suit! On a eu un peu de mal à s'en relever...
ce qu'on a quand même fait, pour aller visiter le château. A la nage! Là, pour le coup, il faut être honnête, l'eau du lac n'est pas de toute première fraîcheur, il y a pas mal d'algues. Mais comme il fait super chaud, se baigner fait quand même un bien fou, et de toute façon il y a une petite douche au resto, donc on a pu se rincer avant de rentrer dans la voiture, tout va bien!


Cap sur Bodrum, ensuite. On y arrive un peu tard, mais l'accueil est à la hauteur. L'auberge de jeunesse nous avait été recommandée par la patronne de la Kiwi Pension, du coup on n'a pas perdu de temps à chercher, c'était cool. Un des types qui gère l'auberge nous accueille dès la sortie de la voiture, il a un style qui nous permet de confirmer immédiatement le caractère "gay-friendly" du lieu! Le gars est rigolo, et nous montre notre chambre : pour y accéder, il faut passer par un dédale de couloirs, monter sur la terrasse du batiment, passer sous des hamacs et des fils à linge divers, puis redescendre par une petite porte sur la terrasse et hop, on est dans la chambre! Simple... On pose nos sacs en nous demandant si on arrivera vraiment à retrouver le chemin...
On dîne au court d'une petite ballade dans Bodrum, qui nous permet de nous faire une idée sur la ville : on n'aime pas!! Si vous cherchez le Ibiza du coin, c'est là. Nous, c'était pas tout à fait notre style... Retour à l'auberge, donc, où on lance une bonne partie de coinche autour d'une bière : finalement, c'est plus ça, notre style... Episode rigolo, à un moment tout le monde sur la terrasse commence à s'agiter, genre il y a un problème. On regarde distraitement : en fait, deux flics sont en train de mettre un PV autour de NOTRE voiture! Je bondis, les clefs à la main, et les types de l'auberge aussi. S'ensuivent des palabres où toute la mauvaise foi du monde transparait, mais non on était pas là depuis longtemps, c'est juste pour décharger les bagages, en plus regardez j'ai les clefs je repars tout de suite... Le gars de l'auberge prend l'air innocent en plus du reste, traduit en turc, et finalement tout se passe bien : j'ai le droit de repartir comme ça.


Il est de toute façon temps d'aller à l'aéroport : Aurélie m'accompagne, et nous voilà partis pour 3/4 d'h de route, il est loin le truc... Sur place, encore pas mal d'attente : le vol est super super en retard... Heureusement qu'on a les photos de la première semaine sous la main à regarder. Enfin, on voit sortir le loustic, qui nous fait signe depuis la porte de l'aéroport : Loloooooooooooo! Pas de bol, c'est pas encore pour tout de suite : lui est là, mais pas ses bagages... Mais tout va bien, ils sont probablement dans le vol suivant. Encore une heure d'attente... Et finalement on récupère le bonhomme et ses bagages, tout va bien! Retour à l'hotel, pendant lequel Laurent nous raconte ses déboires : le Casablanca Bodrum, via Paris et Istanbul, n'était visiblement pas le plan le plus simple qui se faisait! Surtout quand il a vu à Bodrum se poser le Casa-Bodrum direct, celui que tout le monde lui avait dit qu'il n'existait pas...
Une bonne nuit de sommeil en perspective, donc, il faut récupérer parce que la semaine qui va suivre ne sera pas non plus de tout repos!

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