lundi 5 octobre 2009

Premiers jours à Selçuk

Bonjour tout le monde!



Je vous avais laissé dans le petit port d'Assos, dont l'aspect "tout mignon" (oui, c'est marrant, je sais pas pourquoi les expressions utilisées pour caractériser les sites ne sont pas tout à fait les mêmes qu'aux US, dans ce groupe...) cachait un peu la nouveau riche attitude des hotels et campings. C'est malgré tout sans trop de regret que nous avons repris le large : direction Pergame.

Jusque là, j'avais été un peu déçu par les ruines elles-mêmes, sur les deux ou trois sites que nous avions visité. Ou plutôt, je n'avais pas été heureusement supris : si mes souvenirs sont bons, de manière générale je n'attendais pas grand chose des visites de sites antiques, des pierres cassées étant surtout pour moi des pierres cassées. A Troyes il y avait bien eu le cheval, mais bon. A Assos, la beauté du cadre était frappante, et compensait largement le fait que les trois colonnes debout n'impressionnaient somme toute pas grand monde. Aurélie et Dorothée, sur les deux colonnes cassées, bien, par contre, mais ça n'était pas exactement pareil!

Et là, à Pergame, j'avoue que j'ai commencé à me dire que les grecs, quand même, ils savaient y faire. Déjà, comme vous pouvez le voir sur la photo précédente, on arrive par une allée plutôt impressionnante. En fait, le repère, dans ce genre de cas, c'est de se dire qu'il a fallu une semaine à un ouvrier pour tailler une des pierres : le total représente pas mal d'heures de travail, en général!

Et Pergame a surtout été le premier site que nous visitions dont le théatre était en bon état. Pas à dire, ils visaient grand, ces gens... Pour voir si l'acoustique était bonne, Olivier et moi avons même interprété une chorégraphie de premier ordre, déchainant l'enthousiasme du public. (c'est important aussi dans l'autre sens d'avoir une bonne accoustique : sinon on n'entend pas bien les publics de 2 personnes, depuis la scène...) Après avoir fini de faire les clowns, nous sommes montés sur les derniers gradins, d'où comme vous pouvez vous en rendre compte la vue sur le site est imprenable. Et c'est comme à l'opéra, faut se cogner les marches jusqu'en haut, quand on est pauvre, ça fait les mollets...

La redescente est plus facile, et pourtant on peut redescendre bas : un passage passe sous les gradins. C'est étroit, il fait tout noir, mais rien ne peut arrêter des aventuriers comme nous! Nous nous faufilons donc dans le conduit... Ah, en fait si , il suffit que le couloir soit inondé pour qu'on s'arrête! Demi tour, mais c'est pas grave, on est contents quand même!
Sur ce site, il y a en fait pas mal d'eau un peu partout, ce qui est surprenant dans des contrées aussi chaudes (ah, oui, tiens, encore une visite sur le coup de midi!); on a même trouvé des tortues d'eau qui barbotaient dans une petite mare.
Il y a surtout une fontaine magique : ceux qui y tremperaient les pieds en sortiraient guéris. Merci Olivier pour avoir inventé cette légende... Au moins, on aura eu les pieds rafraichis!

A propos de pieds, on a quand même eu affaire à un problème curieux : à cet endroit, toute la zone est recouverte de petites graines avec des pointes, un peu comme les crève-pneu que les méchants mettent sur la route des gentils dans les dessins animés. Mêmes causes, mêmes effets! S'en sont suivis 3/4 d'heure de séance d'épines pour enlever les plus grosses qui passaient largement à travers les tongues... Charmant accueil, ils pourraient nettoyer, quand même! ça ne nous a pas empêché de jouer les cowboys de western spaghetti dans le décor local...



Nous sommes finalement arrivés à Selçuk après avoir repris la route, et avons établi nos pénates dans la kiwi pension, auberge de jeunesse pas trop chère tenue par une charmante anglaise. Comme nous sommes arrivés tôt, un tour à la plage s'imposait! La ville est à dix kilomètres d'une immense plage, ça aurait été dommage de s'en priver... Et après des chaleurs pareilles, le bain nous a fait le plus grand bien! Le soir, nous nous sommes contentés d'un petit tour en ville pour en prendre la température, avant de nous coucher : la route depuis Assos représentait une petite trotte, et les troupes étaient crevées. Et pour le lendemain, on sentait un peu venir un lever tôt...


"Pamukkale Pamukkale Pamukkale!"
Depuis quelques jours, on entendait pas mal ce nom revenir dans les conversations, à chaque fois qu'il s'agissait de définir le programme... Et si ce nom revenait aussi souvent, c'est qu'y aller n'était pas évident alors que ça avait l'air cool : au moins 3h de route one way nous en séparaient. Les forces en présence étaient donc d'un côté les filles, super motivées après avoir vu les photos "ca-nons" sur Google avant de partir, et de l'autre les garçons, un peu moins chauds après avoir vu la distance à l'objectif... Comme vous pouvez le voir, à deux contre deux la situation était jouée d'avance, et c'est donc tôt que nous partons pour Pamukkale.

Sur la route, à peu près à mi chemin, nous faisons une pause au site d'Aphrodisias, qui n'est pas un des plus connus de Turquie mais dont la propriétaire de la pension nous avait fait l'éloge, et que le routard avait l'air de trouver cool. Bien nous en a pris : ce site est pour moi le plus beau de tout ceux que nous avons visités... Ok, Ephèse ensuite s'est avéré valoir absolument le coup aussi, mais même! Déjà, sur la photo précédente, la porte d'entrée du site donne une petite idée de la grandeur de ce que ça a dû être. Les types voyaient plutôt dans le grandiose... Là, sur la photo, on ne se rend pas bien compte, mais les ruines sont celles d'un temple qui a je crois été transformé un certain nombre de fois en divers temples et églises : vu la taille, ça ne m'étonne pas que les architectes de l'époque aient essayé d'en tirer le maximum à chaque fois!




Le must, c'était quand même le stade. J'ai fait ce que j'ai pu pour le panorama, mais en vrai, c'est vraiment, vraiment grand... En plus, là, on ne voit pas tout, il y en a encore toute une partie qui est ensevelie! En vrai, avant, le sable de l'arène était facilement deux mètres plus bas, on voit encore les entrées des artistes aux deux bouts. Impressionnant... Bon pas de chance, il n'y a plus de spectacles, on n'a pas pu profiter des installations locales... Mais avec 30 000 places, ils devaient déjà draîner pas mal de touristes, à l'époque! Tiens, à propos de touriste, pour une fois que je suis sur la photo, vous y avez droit. Mais non mais non, ça n'est pas du culte de la personnalité, c'est pour donner l'échelle, c'est par grandeur d'âme que je fais ça!

Un must d'Aphrodisias : le bouleutérion. On a failli le rater, il n'est pas très grand et perdu au milieu de tout un petit bout de ville super encore debout, mais ça aurait vraiment été dommage! Je crois que c'est une coulée de boue qui l'a recouvert, assez vite après l'abandon du site, ce qui fait qu'il a été super bien conservé. Très cosy, la petite salle de réunion des politiciens du coin! Y'a pas à dire, les trucs en marbre, comme ça, bien polis, ça a de l'allure... Et ça n'est qu'un aperçu de ce qu'était l'intégralité de la ville : tout était construit en marbre blanc de la même qualité, ils avaient une carrière à 1km de là! Une ville en marbre, avec des édifices de cette taille, à mon avis ça devait être la classe.

Et quand je dis de cette taille... Le théatre était à la hauteur du reste. Et pourtant, il manque la moitié supérieure des gradins, sur la photo on ne voit que la moitié inférieure! Plus select que le stade cependant, il ne pouvait accueillir que 15 000 spectateurs. De toute façon, le jour où tout ceux qui vont au stade iront au théatre n'est pas arrivé, on a ça chez nous aussi...
Sur la scène, le mur du fond dont on voit juste une rangée de colonne avait en fait trois étages : je vous dis, ils aimaient pas construire petit, dans ce coin...
J'en profite pour vous mettre une petite photo d'art : je la trouve cooooool, celle là!



Autres éléments du site, à côté des thermes, les agoras. Sur la droite de la photo, on peut voir le début du bassin au centre de la petite agora, bassin d'un petit 175m de long : ça vous donne une idée pour la taille de la grande agora... Le tout bien sûr entouré d'une colonnade couverte, au cas où il pleuvrait. Les deux places gigantesques sont bien sûr dallées de marbre : quand on veut faire joli, il faut se donner les moyens, et puis je suis sûr que la terre jurerait affreusement avec le blanc des colonnades, sinon!

Si je dois faire un résumé, là, vous l'aurez compris : c'est cool, Aphrodisias!!



Mais ne nous égarons pas, le vrai but de ce trajet était Pamukkale, l'un des sites les plus visités de Turquie. Les plus assidus de nos amis lecteurs auront sans doute noté une petite similitude avec un précédent voyage, sur la première photo. C'est effectivement une formation similaire à celle qu'on peut voir dans le Yellowstone. L'arrivée sur le site se fait par la nécropole, joli chemin dont les bords sont jonchés de tombeaux, caveaux et mausolés divers. Vous ne trouvez pas qu'Olivier fait très crédible, en Cerbère gardant la porte des enfers?
En tout cas ce qui est cool, avec notre petit tour par Aphrodisias, c'est que du coup, le soleil est un peu redescendu, donc d'abord il fait moins chaud, et ensuite la lumière est de plus en plus chouette, ce qui m'arrange pour les photos!









Le premier aperçu que nous avons du site, depuis le chemin de la nécropole, c'est le versant tout blanc que vous voyez sur la photo. En fait, les romains, qui avaient fait du site une station thermale où venaient chercher la guérison tous leurs riches grabataires, avaient une fois inébranlable dans leur avenir. Du coup ils n'ont pas hésité à réarranger la montagne comme ils voulaient, pour que les coulées calcaires prennent la forme qu'ils souhaitaient, et surtout plus d'espace, pour pouvoir accueillir plus de monde. Le fait que la transformation de la montagne par les eaux calcaires prenne des dizaines, voire des centaines d'années, ne les as pas arrêté, ils avaient le temps! Nous, on admire, c'est vrai que ça fait assez bizarre, comme effet, cette immense nappe blanche qui recouvre la montagne. De loin, en arrivant depuis la route, le routard compare le site à une grande cicatrice qui zèbre la montagne, et ils ont raison, c'est vraiment ça.

Ces effets du temps sur le site sont vraiment bien visibles dans la nécropole : ce caveau, par exemple, a visiblement été construit avant que le site ne soit recouvert par l'eau calcaire! Et maintenant, il semble s'y enfoncer petit à petit, c'est très dramatique comme effet. Un caveau, en plus... ça fait très nature toute puissante, qui rappelle le caractère ephémère de l'humanité...
Bon ok, sur le coup c'est pas sûr que je me sois dit ça, mais là tout de suite, en écrivant le blog, je me sens une âme de poète, je vous en fait profiter! Quoi qu'il en soit, en voyant ces premiers phénomènes, on commençait à être impatient de voir à quoi le site lui même ressemblait. Il était assez long, ce chemin de la nécropole!

Et puis nous avions l'excuse d'avoir pas mal crapahuté dans Aphrodisias. Du coup, ni une ni deux, la décision est prise de profiter de l'aménagement de bassins le long du chemin pour faire trempette. Juste les pieds, mais c'est vrai que c'est pas désagréable, surtout vu la chaleur...
Sur le coup, je n'étais pas super fan de ces bassins, je dois dire, parce qu'on a quand même vraiment l'impression qu'ils bloquent et canalisent le passage naturel de l'eau, ce qui fait que la partie calcaire du site est quasiment à sec partout. Mais c'est aussi sans doute lié au fait qu'on soit en plein été et qu'il doit y avoir moins d'eau, et puis ça reste chouette quand même.




Nous finissons par contourner le versant de colline sur lequel nous sommes, pour découvrir enfin la vue sur le site lui-même. Et là, on voit qu'on n'est pas vraiment les seuls... Un nombre invraisemblable de touristes, surtout pour un bled aussi isolé, est en train de tremper les petons dans les bassins artificiels qu'ont construit les romains, et qui maintenant, avec le temps et surtout de loin, ressemblent pas mal aux vrais, en plus grands.
L'endroit est beaucoup moins reglementé qu'aux Etats-Unis, ce qui fait qu'il y a pas mal d'endroits où on peut aller marcher dans les bassins, mais vu le nombre de touristes je pense que c'est un peu dommage, le site ne va probablement pas rester en l'état longtemps. Il y a quand même quelques coins où les flics locaux surveillent un peu que tout le monde n'aille pas tout casser, mais c'est assez artisanal... Enfin pour l'instant, et dans la lumière de plus en plus orange du magnifique coucher de soleil dont la Turquie a le secret, c'est très joli, tout ça.

Et après tout, nous ne sommes pas moins touristes que les autres... Du coup on est parti nous aussi pour faire trempette. Ça glisse pas mal, mais c'est pas très drôle, personne ne termine les 4 fers en l'air. Avec sa jambe, Olivier est obligé de faire particulièrement attention, pareil pour moi avec l'appareil photo, et puis tous ces pieds sales qui trainent dans 1cm d'eau font qu'on n'a pas une confiance folle dans le bouillon de culture qui nous entoure, mais finalement tout se passe bien. On sort bien sûr très enrichi de cette expérience pédiluvesque, mais heureusement on tombe d'accord avec les filles sur le fait que le bassin suivant, et celui d'après, etc, seront probablement assez similaires au premier : on arrête les frais et on remonte! La cohue de touristes en quête d'expérience forte commençait à me taper un peu sur le système, j'avoue...

Le changement de décor qui a suivi ne m'a pas déplu : visite du site antique qui surplombe les bassins calcaires. La lumière est maintenant vraiment superbe, et le théatre qui domine la ville aussi, on prend donc notre temps. Petite particularité des archéologues locaux : lors de la reconstruction d'une partie du théatre, ils ont eu la bonne idée de remettre les statues là où elles étaient, et pas dans un musée un peu plus loin. Le résultat est beaucoup plus vivant et beaucoup moins vide que les autres théatres qu'on a pu voir jusqu'ici, c'est une bonne idée.
Nous nous posons dans les gradins, j'en profite pour tirer quelques portraits, dont voici un extrait de la galerie!







Et enfin, celle que vous attendiez tous depuis le début j'en suis sûr : la photo de groupe!!



La journée a quand même été un peu longue, nous mettons le cap sur la voiture avec un certain soulagement. Enfin, je me dis toujours que c'est à moi de m'y coller pour les 3h de route de nuit pour rentrer à Selçuk, mais au moins on s'en rapproche... Avec la fatigue, les craquages arrivent, d'où cette magnifique photo d'Olivier qui se prend au moins pour un Power Ranger.
Enfin, le temps de trouver quelque chose de frais, liquide, sucré et cher pour permettre aux filles de tenir jusqu'au dîner, un dernier coup d'oeil aux bassins rendus maintenant oranges par la lumière, et nous filons! Le dîner rapide qui nous attend à l'auberge de jeunesse sera avalé vite fait, et ensuite dodo, on est crevé...
Et vous aussi, sans doute, après un article aussi long! Ok, ok, les prochains je vais les couper un peu plus... En plus comme ça ils arriveront un peu plus fréquemment, c'est plus sympa pour ceux qui s'ennuient au boulot!




2 commentaires:

Emmanuelle a dit…

Ça fait plaisir d'avoir encore des choses à lire sur le blog, et des photos à regarder !! Les vacances, la mer.... c'était le bon temps !!! =) A +!!

Louis-Marie Jacquelin a dit…

T'as vu? Et y'a du soleil sur toutes les photos... C'était cool!
Prochain article à venir, dès que j'ai le temps!