samedi 11 octobre 2008

The Bluegrass WE

Bonjour tout le monde!

Oui, après un mois et demi d'absence, il est grand temps de reprendre le clavier! Pour ceux qui auraient pu croire que l'aventure s'arrêtait en août, rassurez-vous il n'en est rien, c'est reparti pour un an. Pour ceux qui savaient que ça n'était pas fini, loin de là, veuillez excusez ma flemme, c'est vrai que ça fait maintenant bien 3 semaines que je suis de retour à Stanford et je n'ai toujours pas donné signe de vie!

Le début de l'année a été assez rapide, il a fallu tout reprendre en même temps, mais maintenant c'est bon, il me semble que tout est réglé, l'emploi du temps tourne sans trop de conflits, et pourtant il aurait pu y en avoir... Heureusement les cours de sport ne sont pas à des horaires génants, c'est pratique on peut en prendre plein. Prenez par exemple le cours d'escalade du mardi et du jeudi, de 7h30 à 9h le matin, pas de soucis, il n'y a rien d'autre de prévu à cette heure, curieusement! C'est pas plus facile d'ouvrir les yeux pour trouver les prises que l'an dernier, au réveil, mais il parait qu'on a juste besoin de bras pour grimper, les yeux c'est pas important, on peut se réveiller après... Et il faut bien finir par émerger, surtout pour ne pas trop se cogner contre les arbres pendant le footing de l'aprèm! Ok, ok, je bluffe un peu, c'est pas deux fois par semaine toutes les semaines, le footing... Je vous présente le scénario idéal, là!
Pareil pour le cours de boxe thaï : de 7h30 à 9h du soir le lundi et le mercredi, c'est bon, il n'y a plus de cours. Par contre, ça facilite pas le lever du lendemain matin, pour l'escalade... Mais en même temps c'est vraiment marrant comme sport, et puis j'avais jamais fait avant le trimestre dernier, c'était l'occas!

Bref maintenant que tout ça est rodé (j'ai passé les cours sous silence, je suppose que la thermodynamique et autres histoires d'énergies plus ou moins renouvelables mais toujours très variées ne vous intéressent pas trop...), une fois que tout ça est rodé donc il est temps de sortir le nez du guidon et regarder un peu ce qui se passe autour! C'est ce qu'on a commencé à faire le WE dernier, WE que j'ai baptisé the Bluegrass WE, comme l'indique le titre.
Tout a commencé lors d'un passage, devenu quasi rituel, à la Devil's Canyon Brewery pour y faire reremplir le keg qui alimente notre cher (et toujours aussi beau) kegerator. Comme on commence à devenir pote avec les gens qui tiennent l'établissement et qui nous font notre bonne bière, forcément vu qu'on les voit finalement assez souvent, on cause un peu, et là ils me demandent si je serai là ce soir. Devant mon air un peu interloqué devant une telle proposition , ils m'expliquent que le soir même c'était bluegrass festival à la brasserie! Retour à Stanford, le temps de déguster une charlotte aux fraises confectionnée par Mathieu, un X 2005 (et oui, c'est comme le Beaujolais, il y en a des nouveaux tous les ans! Eh, au fond, là bas, qui a dit que la grippe aussi revenait tous les ans??)


Ni une ni deux, la soirée est réservée, et c'est là que nous avons pu découvrir ce qu'est le bluegrass. C'est une musique genre country, mais en très rapide, avec guitare forcément mais aussi violon, mandoline, banjo, etc. Les orchestres qui s'enchaînent ne sont pas mauvais du tout, et c'est un genre de musique super dynamique dont raffolent les gens du cru présents, d'où une très bonne ambiance! Vincent le Chenadec, dit le Cheu, n'était jamais venu à la brewery, et découvre simultanément l'endroit et la musique, dont il ne manque pas de faire le rapprochement avec sa très chère musique traditionnelle Bretonne, voire même un petit côté irlandais de temps en temps. Bref il est fan, et moi aussi, comme vous pouvez le voir sur les photos...

Les musiciens sont pour la plupart hauts en couleurs, mon préféré étant le cowboy avec la guitare, qui jouait vraiment super bien, en plus d'avoir la classe sur scène... L'autre, avec sa plume d'indien dans le chapeau et son énorme ventre à bière, jouait très bien aussi, mais avait plus un look pour épater la galerie! Encore qu'à la taille de la barbe, on peut se demander si il serait pas un peu comme ça dans la vraie vie aussi...

Il se trouve que je suis arrivé un peu avant tout le monde, ayant dû passer par l'aéroport pour apporter son passeport à une tête de linotte dont je tairai le nom, d'abord parce qu'oublier son passeport pour prendre l'avion c'est collector et que ça mérite le respect, et ensuite parce que mon silence a été acheté par un paquet d'amandes enrobées de chocolat. (oui, il y a du chocolat sur mon clavier, maintenant, c'est malin...) J'ai donc pu discuter un peu avec les figures locales, dont un certain George, fin mélomane et amateur de belles choses, et dont le Cheu et évidemment devenu instantanément pote lui aussi! Je dois dire que c'est difficile d'échapper à George, j'ai rarement vu un bavard pareil...
Bref, une soirée appréciée par tout le monde, et merci Julie pour ton appareil photo!


Le retour ayant eu lieu relativement tard, la journée du samedi a été courte, et on a essayé de travailler un peu pour se libérer le dimanche aprèm, afin d'aller assister à San Francisco au Bluegrass Festival, évènement sur le même thème mais d'une toute autre ampleur. 5 scènes ont été montées dans le Golden Gate Park pour acceuillir une trentaine de groupes différents, plus ou moins connus, mais dont certains sont bien sûr présents sur les CD de Country qui forment une part non négligeable de la CDthèque de la Mustang.

Finalement nous ne sommes que 3 à avoir pu nous libérer : je pars donc avec Julien et nous retrouvons Julie sur place, déjà installée dans l'herbe d'un des parterres... Vu le temps magnifique et l'énergie qui nous est demandée pour digérer notre burger, nous ne tardons pas à nous installer aussi, pour une petite sieste en musique afin de bien commencer la journée! Nous faisons un peu le tour des diverses scènes, pour voir ce qu'il y a, puis la décision est prise de se fixer au niveau de la scène principale. Le mode opératoire, dans ce genre de concert, consiste à arriver super tôt le matin, installer une grande couverture ou une bâche sur un carré d'herbe le plus près possible de la scène, afin d'avoir un carré d'espace vital pour le reste de la journée : ça permet bien sûr de voir son artiste préféré, celui qui nous a fait nous lever à 5 ou 6h du matin dans le calme. Bien sûr l'artiste en question est en général une star reconnue et clôture donc le show sur la scène en question, ce qui oblige à rester toute la journée sur son carré, mais quand on aime on ne compte pas! Et le principe très américain du "First come, first serve" (astucieusement traduit par premier arrivé, premier servi) est une fois de plus en vigueur, il suffit de savoir en tirer parti.
C'est en tout cas ce qu'a fait un gros type venu tout droit du Tenessee et dont nous avons fait fortuitement la rencontre. Parce qu'une autre technique consiste à arriver une fois que tout est plein, et à se poser sur un tout petit coin d'herbe qui dépasse entre les coins de 4 couvertures différentes en disant que ça n'est à personne, puis à empiéter petit à petit sur l'espace des gens. C'est ce que nous avons fait, profitant notamment du fait qu'il n'y ai personne sur une des couvertures. Au bout d'une demie heure, le type revient, mais jovial nous dit qu'il n'y a pas de problèmes, on peut rester, limite on fait déjà partie des meubles! Il faut dire que c'est facile, nous n'étions que deux, Julien ayant choisi d'aller voir les Gogols Bordelo sur la scène d'à côté ("le meilleur concert de ma vie", confira-t-il à nos journalistes, je vous laisse le soin de lui demander de vous raconter!). Sur la photo, Julie à côté de notre pote-à-la-couverture-rouge!

Le gars nous fait goûter le whiskey de son pays, le meilleur du monde à l'en croire (et pas mauvais du tout, il faut le reconnaitre...) et dont il a dû siffler un demi litre pendant la soirée. Ensuite il a commencé à nous expliquer ce qu'est le bluegrass, ses racines, en quoi toutes les autres musiques viennent de là, les arbres généalogiques des chanteurs en remontant de 5 générations, l'historique des différents évènements Bluegrass du pays, bref le type est bavard (encore un...), très sympa et finalement assez intéressant! Par exemple, là, sur la photo, le joueur de banjo a 84 ans, et fait encore des solos comme quand il avait 20 ans, ça on en était témoins! Ce groupe là s'appelle les Kentucky Thunder, tout un programme... Notre ami du Tenessee (oui, on a tous en nous quelque chose de ce coin là, moi je sais pas ce que c'est perso mais lui c'était l'alcool...) n'a même pas tiré la tronche quand Julien s'est incrusté aussi, ni même quand les 4 potes avec qui Julie était venue se sont installés sur sa malheureuse couverture... Vraiment serviable et chaleureux, et le fait qu'il y en ait plein des comme lui est quand même vraiment super rassurant quand à la population des Etats-Unis!

Ce concert a d'ailleurs été une excellent occasion pour avoir un vrai sens de ce qu'est San Francisco, ainsi que de la population qui l'habite. Des gens de tous horizons, pas mal de nationalités représentées, des 68ards qui n'ont pas changé d'habits depuis et qui sont dans les bois autour avec leur salopette arc-en-ciel, énorméments de routards, des gens de tous les âges qui dansent tous avec autant d'entrain, et ce à perte de vue, c'est vraiment une ambiance géniale! Si ça vous amuse de chercher Charlie, vous pourrez voir que Julie a un peu de mal à se déplacer là-dedans, mais le jeu en vaut la chandelle, et puis les gens ne vous en veulent pas trop si vous pietinez un peu leurs trucs sans faire exprès, ils ont fait pareil en arrivant...

Le flot de parole ne s'est tari que quand je lui ai posé la question sur la dernière chanteuse à venir, le clou de la soirée : "and what about Emmylou Harris?" Et là, il en est resté sans voix... Visiblement il n'y a pas de mots pour décrire cette reine de la musique country, celle pour laquelle il a fait le déplacement depuis son Tenessee natal, celle qui mériterait que le gouvernement crée un prix pour la meilleure chanteuse de Country du moment... En plus, "so sexy!!" Of course...
Nous avons donc été un peu surpris en voyant monter sur scène une sexagénère aux cheveux blond platine, mais il a fallu assez vite reconnaitre que sa réputation n'était pas surfaite! Un concert grandiose, éclairé par le soleil qui se couchait derrière le public, qui a lui seul justifiait le fait d'être venu, même d'aussi loin que Stanford... Clou du spectacle, un vol d'oies sauvages s'est payé le luxe de passer au ras de la scène et de remonter tout le public en partant plein Ouest dans la lumière orange des fameux couchers de soleil de la côte Ouest, au moment de l'attaque de batterie d'une de ses meilleures chansons : on se demande même si Emmylou a réussi à retenir la petite larme qu'on a tous senti monter!


Ce concert a donc été un très bon moment, le seul regret que j'ai est d'avoir raté celui de l'an dernier! Pour tous ceux qui passeraient à San Francisco en Octobre prochain, je le recommande chaudement, ne ratez pas ça...

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