mercredi 23 septembre 2009

Départ en road trip, version turque

Il y a pas mal de trucs qui font qu'un road trip turc est différent d'un road trip californien. Déjà, la voiture. Force m'est de constater que la Renault Symbol, toute ralongée soit-elle, ne vaut pas une Mustang décapotable. Ok je le savais déjà, mais ayant amèrement dû constater la présence d'un toit inamovible, je ne peux pas m'empêcher de regretter le soleil non stop que m'offrait mon petit cheval préféré...
Cet hommage rendu, l'honnêteté me commande de reconnaître qu'un coffre dans lequel on peut mettre tous les sacs, sans nécessairement faire partie du world top 10 des joueurs de Tetris, ça améliore un peu le confort quotidien. Et ça permet aussi de partir avec des filles à bord : le "heu, on pourrait s'arrêter deux secondes? Parce qu'en fait, il me faut ab-so-lu-ment ma petite crème pour les mains, qui est dans le petit sac blanc rangé dans la pochette en tissus qui est dans ma trousse de toilette, au fond de mon sac, derrière celui d'Olivier...", avec la Mustang, c'est juste pas possible, il faudrait une heure et des compétences de magasinier bien au-delà de notre portée. Alors que là, facile!

Ensuite, deuxième différence : l'aventure. C'est pas la même, mais alors là, je dois dire que ça n'est pas forcément en Amérique qu'il faut aller pour la trouver le plus efficacement... Parce que savoir où on est, en Turquie, c'est une gageure! La preuve, même les turcs le disent eux-même : "ah, les cartes? Non, on en a pas trop, dans le pays... En fait, ce que tout le monde fait, le plus simple, c'est de s'arrêter et de demander à quelqu'un. En général on finit par trouver un gars du coin..." Facile. Un vrai sketch de Gad... En même temps, comme se perdre faisait visiblement partie du thème du voyage, on était à fond dedans!

Mais reprenons les choses depuis le début. Alors oui, cet article va être long... surtout si je ne le coupe pas au milieu ; mais c'est la vie! (et puis de toute façon, rien que ceux qui arrivent jusqu'à ce paragraphe sont rares, mais les enfants peuvent juste regarder les images, ça les distraira quand même!) Le début, c'est ce dont j'ai commencé à vous parler la dernière fois : Europcar... A Istanbul, soyons francs, c'est un peu des arnaqueurs. Parce qu'honnêtement, calculer le prix en Euro (on est sympas, vous êtes européens, on s'adapte!) pour finalement n'accepter que les pouloutes (la monnaie turque est la turkish lira, ou TL, mais c'est trop compliqué pour nous) et faire habilement un taux de change qui fait monter le prix de 15%, ça sent un peu l'arnaque, même pour des novices de la finance comme nous... Enfin, en fait même pas : notre banquière attitrée n'a pas trouvé ça super clair de leur part. Surtout que le mec a dû refaire le calcul 10 fois, tout ça... Louche, en un mot! Par contre, sympa, pour ce prix là, merci Michelin, on avait le GPS. Et là... on y viendra, sur le GPS, du grand art à lui tout seul!

Nous finissons par charger les fameux bagages dans le fameux coffre, et nous voilà partis! Au volant, notre respo pneus, Olivier en grand forme. Et heureusement qu'il avait la patate... Parce que sortir d'Istanbul, c'est pas de la tarte. Pourtant, les échangeurs américains sont réputés pour être formateurs! Mais là, c'est sans comparaison, il y a des autoroutes dans tous les sens, qui vont n'importe où voire nulle part, des sorties qui conduisent elles aussi là où on ne veut pas aller... L'absence de carte se fait cruellement sentir, tous nos espoirs reposent donc sur ce fameux GPS. On n'a pas été déçus... Il nous a offert de l'aventure pour pas cher! "Tournez à droite dès que possible", sur une autoroute, avec la première sortie en cul de sac... Le seul indice utile qu'il nous ait donné, c'était "stay on this highway... for a while!", qui semblait dire que nous étions à peu près dans la bonne direction, en tout cas pour une durée indéterminée mais non nulle. Utile...

Il nous a donc fallu une bonne heure pour sortir d'Istanbul. Comment être si nul, me direz vous? Déjà, pour ma part, je pense que je dois avoir des prédispositions : pas plus tard qu'il y a 15 jours, il m'a aussi fallu une heure pour réussir à sortir de Marseille... Donc bon, faut pas trop se poser de questions. Non mais là, aussi, on était pas aidé : en Turquie, les panneaux sont en turc... On le connaitra, le çevre yolu! Merci à la perspicacité d'Olivier, qui a réussi à deviner, en voyant que l'autoroute menait à çevre yolu quel que soit le sens dans laquelle on la prenait, qu'il s'agissait sans doute du périphérique local... Sans ça, on y serait probablement encore!

Du coup, une fois sûr que nous étions dans la bonne direction, (les deux notions de "sûr" et de "bonne direction" ayant assez vite pris des valeurs plus que relatives... Mais Olivier vous le dira : en road trip, faut laisser parler son instinct!) cours intensif de turc! Et ben je vous garantis que c'est vachement dur, le turc... Rien que pour retenir l'expression équivalente à "merci", il m'a fallu trois jours. En même temps, teçekür ederim, je voudrais vous y voir!
Mais on était au rythme du pays : le temps qu'il nous a fallu pour apprendre à compter jusqu'à 10, à peu près deux heures, a aussi été celui qu'il a fallu au GPS pour réaliser qu'on n'était plus dans Istanbul... Une oeuvre d'art, ce GPS local! En plus, le truc, tu tousses, il s'éteint, à cause du faux contact dans l'alimentation...

C'est donc guillerets, pleins d'entrains, et guidés par notre instinct que nous nous sommes lancés sur la route européenne le long de la mer de Marmara, elle aussi bien connu de nos amis lecteurs de Barbe-Rouge. (Pour ceux qui auraient oublié, passagèrement bien sûr, c'est le bout de mer qui est entre le détroit des Dardanelles et le Bosphore, donc passage tout aussi obligé vers la Mer Noire). La seule carte que nous possédions (vous savez, le genre de carte pour touristes, celle avec les monuments schématisés en très gros, avec trois autoroutes et 5 bleds qui représentent la Turquie) semblait souligner que la route de la côte valait le coup. Une carte à touriste qui dit qu'un coin est beau, on ne pouvait pas se douter qu'on se lançait, dès le premier jour, dans la route la plus foireuse du séjour...

Au bout de 10 kms de route de plus en plus mal pavée, le bitume a tout simplement laissé place à un chemin de terre, très couleur locale. Le problème, c'est que la voiture n'était pas tout à fait adaptée à ce type de terrain... La piste, qui surplombait la mer, valait effectivement le coup, les vues étaient magnifique, on est bien obligé de reconnaitre ça à la carte à touristes. En revanche, après 5h de tape-cul et un enjoliveur en moins, on en avait un peu marre... Heureusement qu'au début de la piste des gens nous ont bien confirmé que la route allait quand même jusqu'au bout, malgré son aspect peu engageant, ça aidait de savoir qu'on n'allait pas devoir faire demi-tour! Enfin, en pleine nuit, nous avons fini par attendre Sarkoy, unique bled du coin : gros soulagement de savoir que la voiture avait à peu près tenue le coup... Parce que bon, quand on a vu le soleil se coucher, alors qu'on n'était vraiment pas arrivé, c'était certes très joli, mais un tout petit peu stressant quand même! C'est ça, que de ne pas avoir confiance dans le matériel...


Pour une première journée de route, on a quand même fait fort... Et pour notre première recherche de campement à l'arrache pour passer la nuit, on n'a pas été mauvais non plus! Après avoir tourné une demi-heure dans le petit bled en question (oui, ça implique qu'on est repassé 15 fois dans les mêmes endroits...), sans trouver d'hotel, nous finissons par demander aux quelques personnes que nous croisons où nous pouvons dormir. Ils ne parlent pas du tout anglais, nous ne parlons pas du tout turc : c'est pas évident au début... Sauf qu'au bout d'un moment, notre sauveur est arrivé dans la personne d'un garçon d'une quinzaine d'année (il a fini par nous dire 18, mais on pense qu'il bluffe), ramené par son cousin pour aider les étrangers. Et là, la situation change : il parle allemand avec Aurélie, anglais avec moi, et français quand il se rappelle qu'on est tous français et que ça sera peut-être plus simple... Les traductions en turc vont donc bon train, nous suivons nos sauveurs en voiture pour aller voir l'unique hotel de la ville, qui est malheureusement plein. Pas de bol.
Notre sauveur, qui a malheureusement un prénom imprononçable, et donc encore moins retranscriptible, nous dit donc : bon, dernier plan, allez voir le gros type là-bas. Par contre, méf' : c'est un énorme arnaqueur, ne croyez rien de ce qu'il vous dit. Laissez moi faire, je vais faire la traduction, ça va bien se passer. La conversation s'engage en turc, et après moult salamalecs, le gars confirme qu'il peut louer des maisons pour la nuit. Par contre, c'est pas 40 euros, comme initialement prévu, mais ça va être un peu plus... Vous pouvez payez plus? Le petit gars traduit pour nous en anglais, et termine sa phrase, sans changer de ton, genre je fini naturellement ce que je suis en train de dire : "say no" avec un petit sourire innocent... On fait semblant de se consulter, on prend l'air dramatique et on dit "oh, noooo, impossible..."

Le type a essayé comme ça de nous avoir deux ou trois fois, on dit non toujours suivant le même manège, et puis finalement, ça se termine par la confirmation que de toute façon toutes ses maisons sont louées aussi. Heureusement, encore un cousin de nos amis arrive, fourmillant telle la Pompe dans ses grandes heures. Et après des tas de détours, d'arrêts aussi intempestifs qu'incompréhensibles, nous finissons par atterrir chez leur voisin qui fait aussi camping, qui nous loue une grande tente pour tout le monde pour une bouchée de pain, et qui nous offre le thé : plutôt sympa, l'acceuil!

Donc finalement, pour cette première nuit : c'était un peu long, mais ça valait le coup, on s'est fait des copains et on a très bien dormi, dans une tente sur la plage!

Aucun commentaire: